mercredi 29 août 2012

Le retour...

Après une longue absence, c'est moi que revoilà !


- Mais je n'écris pas ce post depuis le Japon.

Eh oui, je suis rentré en France depuis déjà une dizaine de jours. Tant de choses se sont passées depuis mi-juillet... J'ai rencontré une légende vivante du karaté, j'ai fait plus de soirées d'adieu que j'ai de doigts sur une main, j'ai voyagé, je me suis servi d'un appareil photo jetable, j'ai gravi des montagnes sacrées, j'ai passé des journées entières assis dans un train et je me suis embarqué dans une Bon-odori totalement inattendue. Mais aussi, j'ai vécu les quelques jours de l'angoisse à voir tous mes potes partir les uns après les autres. 


Cette période était d'ailleurs assez amusante dans la mesure où elle signait le grand retour du don et du troc. Tout ce qui était périssable, trop gros, trop lourd pour la limite des 23kg de bagages ou encore partiellement inutile était laissé sur une table de la cuisine pour que les autres se servent. Vu qu'à peu près 75% du dorm se préparait à dégager le plancher, le reste des occupants s'est retrouvé avec des serviettes, des shampoings, du riz, des pâtes et des produits d'entretien pour à peu près deux mois.

Il y a même de la propagande religieuse dans le tas
Le retour a été étonnamment rapide. Après m'être dangereusement rapproché de la zone rouge de loupage d'avion, j'ai acheté le dernier One Piece à l'aéroport, me suis calé dans l'appareil, ai maté trois films, fini le 3e tome de Game of Thrones et suis arrivé à Roissy Charles de Gaulle. Même si je ne calculais absolument rien à ce qu'il se passait autour de moi, j'ai été relativement choqué de me retrouver à Paris. Les affiches autour de moi avaient perdu leurs sympathiques idéogrammes, les commerçants avaient oublié leurs irasshaimase do~zo~, les euros me semblaient de la monnaie de Monopoly (et j'ai encore du mal, les billets me semblant être que du papier froissé et les pièces étant bien trop épaisses à mon goût), les combini avaient disparu, le RER B dégueulasse ainsi que son trajet me rappelaient des souvenirs, et surtout, les gens étaient différents. Si rien que ma petite balade Gare du Nord-Gare de l'Est m'a fait voir plus de Noirs en 15 minutes qu'en un an au Japon, regarder les gens pendant une heure en attendant mon train a été un vrai spectacle. L'attitude, le langage, la morphologie et l'habillement rompaient totalement avec ce à quoi je m'étais habitué chez les Tanaka et Nakamura. Bref, je me suis senti étranger.

Je dirais même plus, je me suis senti Inconnu quand je suis rentré dans un Quick, faute de trouver des bentô dans la gare

Je vous épargne ma surprise lorsque j'ai vu la campagne française depuis les fenêtres du TER, le paysage étant doucement vallonné, les champs remplaçant les rizières et l'horizon effaçant les courbes typiques des montagnes japonaises.

Une fois rentré et les courses faites, je me suis englouti comme je me l'étais promis une belle entrecôte et une barquette de lasagnes. Dieu que ça fait du bien ! Et pourtant, la nourriture japonaise va bien me manquer... Je comptais ramener du soba, des senbei, des plaquettes de curry et du miso dans mes bagages, mais non-seulement ce dernier semble être interdit au transport (mesures de quarantaine etc...), mais en plus mes deux valises étaient déjà bien trop pleines. On devrait sans doute pouvoir retrouver tout cela à l'Opéra, quoique avec des prix quadruplés.

Ce n'est pas seulement la nourriture, mais aussi les 100.000 éléments qui ont fait ma vie au Japon pendant un an qui vont me manquer. Entre les allers-retours à Takadanobaba, la débauche lumineuse de Shinjuku, l'activité infernale de Shibuya, les magasins glauques d'Akihabara, les jingles du métro, la ponctualité de la Yamanote, le boucan des cigales japonaises, le karaoké, les enseignes multicolores dans tous les sens et les visites au sanctuaire, la liste est interminable. Mais plus que tout, c'est l'ambiance du Japon en général et de Tokyo en particulier dont je suis nostalgique.

Il est une maladie bien connue des étudiants de Sciences-Po qui est "la dépression post-3A". Derrière ce terme aussi obscur qu'une vraie terminologie médicale se cache le phénomène terrible de retour à la normalité après une année extraordinaire, qui entraîne déprime, perte d'appétit et d'intérêt à tout et n'importe quoi, vagabondage sans but sur Internet et lamentations incessantes face à la (grosse) charge de travail qui nous retombe dessus après 12 mois à se toucher la nouille. J'avais plutôt bien réussi à l'éviter jusqu'à présent, mais étant de retour dans mon appart parisien à la veille de la reprise... J'ai craqué. Ca y est, je n'ai plus qu'une envie, c'est d'y repartir et de m'y terrer quitte à retourner bosser dans mon Language café.

En fait...non. Pitié, plus jamais ça.

Encore plus que quand mon avion a atterri, je sens que je ne suis plus adapté à Paris. Misfit. Il va falloir m'y refaire, et ça va être dur...

Il va y avoir tout un travail de deuil à faire sur cette 3e année à l'étranger. Et puis, j'ai encore des tonnes de choses à vous raconter sur le Japon, sa société ainsi que mon expérience. C'est bien pourquoi messieurs-dames, ce blog n'est pas terminé mais il va continuer à vous dépeindre le Japon comme vous ne l'avez jamais vu !

Et voilà un petit teaser en provenance d'Akita, où je me suis fait des amis parmi la population locale

En attendant, je vais me refaire le jingle infernal de Don Quichotte une nouvelle fois... Oui, mon cas est désespéré.