mercredi 30 novembre 2011

Quand la kermesse s'adapte à l'université : Waseda-sai !

Je vous ai parlé du Sôkeisen comme grand évènement attendu par les étudiants de Waseda avec impatience. Mais ce que je ne vous ai pas dit, c'est qu'il y a une autre manifestation de liesse estudiantine qui surpasse le match de base-ball : le festival de Waseda (早稲田祭, Waseda Sai pour les puristes). Il s'est déroulé sur deux jours le 5 et 6 novembre cette année, soit il y a quasiment un mois. Ouaip, je retarde.

Nécro-blogging, vue d'artiste.

Quand on parle de fête d'école, on peut avoir en tête l'image de la kermesse de maternelle ou de primaire. Voir celle des fêtes de l'aumônerie. Mais au contraire de la France, ce genre de festivité se poursuit au-delà du collège et prend des proportions considérables au lycée et à l'université. Peut-être y a-t-il un peu la volonté de réaliser la plus belle fête pour faire la nique aux établissements rivaux, mais tout le monde y met du sien avec passion, vraiment au taquet. En premier lieu, les clubs en ébullition qui multiplient les stands de bouffe, les costumes, les pancartes et qui mettent pignon sur rue en investissant les salles de classe pour présenter leur philosophie et leurs activités. Mais surtout, il y a les performances artistiques et sportives qui transforment le campus entier en une vaste scène de spectacle. Il suffit de lire des mangas touchant un minimum à la vie lycéenne ou étudiante comme Negima!, sans doute Love Hina et peut-être même Lucky Star pour en avoir un bon aperçu.

Ouaip, il y a du monde. Un brin compliqué de circuler, pas vrai ?

Le festival de Waseda étant très réputé, chaque année se déroule une épreuve de force pour égaler l'édition précédente. Je n'ai aucune idée du budget nécessaire à un tel évènement, mais ça ne m'étonnerait pas qu'il égale le PIB du Burkina Faso. A vrai dire, l'équipe étudiante organisatrice ayant bossé sur le festival depuis le début de l'année a invité plusieurs stars au premier rang desquelles se trouve l'omniprésente bande des AKB48. Bien entendu, le concert était à guichet fermé et les billets se sont écoulés d'une traite. Entre autres, le très connu L'Arc~en~Ciel a poussé la chansonnette avec d'autres groupes n'étant connus que des Japonais ou des fanas de J-pop/rock. La fréquentation du festival a donc culminé à 10.000 visiteurs sur deux jours... à moins que ce ne soit 100.000 ? Adultes, vieux et écolières s'étant joints à la fête, c'était un peu a foire du Trône entre les salles de cours.


Un cosplayeur s'est caché dans la foule, sauras-tu le retrouver ?


Les "Yakisoba de l'Amour"...

... et les Hearts Taiyaki. La passion était aux premières loges.

Même cette réplique hilarante de la statue d'Ôkubo pouvait en témoigner.


Pancarte pour la promotion du club de recherche sur Doreamon. J'aurais bien aimé aller jeter un coup d'oeil pour voir de quoi il en retourne...


Alors ça, je n'ai aucune idée de ce que c'était. Le mec est resté debout dans son sarcophage pendant un bon moment, forever alone.


L'Amicale des Animaux Pédophiles était aussi de la partie. Ici, Pedo-Winnie l'Ourson

Pedo-Totoro


J'ai découvert par la même occasion qu'Ace était membre du club de culturisme de Waseda

Parmi les shows que j'attendais le plus, les Shockers tenaient le haut du pavé. Qu'est-ce que cela ? C'est tout simplement l'équipe masculine des pompoms de Waseda que je m'étais attendu à voir à l’œuvre au Sôkeisen. Mais ils ne s'étaient pas défilés pour tirer au flan, non, c'est juste qu'ils ne jouent absolument pas dans la même catégorie que les minettes en minijupe et queue de cheval. Là, on est à un niveau international.

Et après, on fait la Tour Eiffel !

Ils ne sont pas juste bons, ils sont excellents et ont un bon sens du spectacle. En démontre cette partie du show centrée sur... Pokémon !




Si le show des Shockers a bien réveillé la foule le dimanche matin, la suite des évènements ne m'a pas laissé de marbre non-plus. A peine étais-je revenu du côté de la scène extérieure que les joueurs de taikô se sont mis en place. Le taikô, c'est le tambour japonais. D'une taille variable allant du petit objet déplaçable à la machine de guerre fixée, il se joue avec deux courts bâtons de bois qu'on tape soit au centre de la peau du tambour pour avoir un son grave et profond, soit sur la périphérie pour une note plus sèche. Résultat : un rythme purement japonais et le bonheur des oreilles comme des yeux. Car les joueurs ne se contentent pas de tambouriner comme des bourrins, ils s'élancent dans tous les sens, tournant et virevoltant dans une danse réglée au millimètre.




A ces lestes musiciens ont succédé d'autres danseurs, un peu plus conventionnels. Quoique... pas tant que ça du point de vue Occidental. Les Samouraï dansants (踊り侍, Odorizamurai) ont effectué pendant une bonne heure différentes danses traditionnelles japonaises plutôt punchy, leurs vêtements passant en un tour de manche du vert au rouge selon le tempo de la musique. Non seulement je veux leurs fringues magiques, mais en plus je veux savoir danser comme eux.






Après quelques Yakisoba de l'Amour, Hearts Taiyaki ou encore des Mirage crêpes foireuses dont le papier bouffe littéralement la crêpe, j'ai fait un tour rapide dans quelques salles de classe. J'y ai trouvé entre autres un club d'agriculteurs faisant des dégustations de mandarines qu'ils ont planté et cultivé eux-mêmes, ainsi qu'un club de sweet lolita où il m'a suffit de rester trois minutes pour me sentir mal à l'aise entouré de tant de dentelle, flonflons, boucles anglaises, accessoires mignons, de rose et autres couleurs crème. Je suis sûr que si j'étais resté là un peu plus longtemps, on m'aurait séquestré dans un pays des Merveilles à la Tim Burton où des fillettes fringuées comme la Dame de Coeur m'auraient torturé jusqu'à mon dernier soupir.

On passe d'un extrême à un autre avec le karaté bien bourrin de mes sempaï du club. Donnant une petite représentation en plein air devant l'emblématique auditorium Ôkuma, ils ont simulé des combats, exécuté quelques kata, expliqué les règles principales avant de faire une démonstration de force. Tuiles, plaques en contreplaqué et battes de baseball en ont fait les frais.






Ils ont bien raison de serrer les fesses.

Etant tombé sur des amis de Niji, on est partis en groupe vers l'immense hall allant trembler sous les feux de la cérémonie de clôture. Là je brode un peu, parce que je me suis défilé un brin avant le début de la cérémonie pour prendre un peu de repos bien mérité. Ca ne m'a pas empêché de tomber sur la caravane de la muerte qui m'a transporté direct au Carnaval de Rio. Pompoms, danseurs, sportifs, artistes et autres festivaliers de tous horizons se trémoussaient au son de la fanfare et au rythme de la batucada, portant autant de bracelets fluos que possible et tentant d'embarquer les policiers dans leur folle sarabande. Ambiance de folie en plein milieu de la rue !


Il s'est passé tellement de choses que je n'ai pu voir qu'un quart du dixième de toutes les animations. J'ai raté en particulier le concours du Roi de Waseda (早稲王, Wase-ô) où des types se surpassent en épreuves insensées pour prouver qui est le plus... le plus... déglingué ? de toute la fac. Une épreuve en particulier consiste à bouffer le plus d'une certaine espèce de petits poissons vivants en une minute. Autre compétition passée outre mon emploi du temps : celle de la Wasejo (早稲女, cf mon post sur l'amour et les clichés), alias de l'étudiante modèle de Waseda. Je n'ai pas vraiment su de quoi il en retournait exactement, mes questions n'ayant attiré que sourires crispés et réponses évasives. Je suppose qu'il y a de l'alcool, des physiques avantageux et un bitch-contest impliqués.


Et si vous en voulez encore, voilà une team de mecs exécutant à la perfection des chorégraphies féminines très connues de ce côté du globe


vendredi 18 novembre 2011

Le jour du Chevreuil

Vous vous demandez encore à qui ressemble mon quotidien ? Voilà un lundi comme les autres...



Concept honteusement piqué à Didier qui l'a sans doute lui-même piqué ailleurs.

mardi 15 novembre 2011

Des ninjas dans la ville

Quand on pense au Japon, la première chose qui vient en tête est le triptyque geisha/samouraï/ninja. Rajoutez les cerisiers en fleurs et le mont Fuji en arrière-plan pour avoir la plus parfaite image d'Epinal. Mais c'est là qu'on se dit que c'est faux, que le Japon d'aujourd'hui c'est la métropole tokyoïte, l'héritage des bombes nucléaires, les karaokés, l'électronique pas chère et les mangas. Puis on embraye sur le modèle de développement économique, l'industrie du jeu vidéo, la gentrification de la population japonaise...

Stop ! On s'arrête là.

Vous pensez que les ninjas n'existent pas ? Comment pouvez-vous en être si sûrs ?
Quelqu'un vous l'a dit ?
Et si toute votre vie, on vous avait fait croire que les ninjas n'existent pas ?

Ils existent. Je les ai vus. Ils ne font que se cacher parmi nous.

La petite histoire remonte à un peu moins d'un mois. J'étais allé à un nomikai de mon club de karaté où se trouvaient, outre le maître et les autres sportifs, les anciens membres du club désormais salarymen. J'ai rencontré parmi eux M. Tsumura, un jeune marié très sympathique passionné par la France où il a déjà fait plusieurs voyages. Il me donne sa carte de visite, je lui donne mon Facebook, on garde contact.

Il y a deux semaines, il me convie à un dîner avec sa femme, francophile depuis toujours. On se donne rendez-vous à la station de métro Waseda, je fais connaissance avec Madame et on y va. Où ça ? Au Ninja café, à Akasaka.

On a mis cinq minutes à chercher l'emplacement exact du restaurant, et pour cause : il est presque invisible. Pris entre deux chaussées avec une façade noire ondulée uniforme sans fenêtre ni signe particulier, il se fond dans la nuit. Seul un présentoir discret planté devant l'entrée trahit la présence de l'établissement.

Une forteresse.

En entrant, on se retrouve dans un petite pièce où ne se trouve que le réceptionniste à son office. Une fois la réservation vérifiées, il tape deux fois dans ses mains et lance un ordre. Une femme ninja surgit d'une porte dérobée, comme tombant du plafond. Elle nous emmène à travers une autre issue secrète vers une succession de couloirs plongeant dans les profondeurs de la Terre. Il fait sombre, les souterrains sont étroits, les murs sont de roche et les pièges sont nombreux. Passé le pont-levis, on se retrouve dans une forteresse ninja : un véritable dédale autour de bâtiments massifs à la lueur des torches. Ambiance incroyable. Notre guide nous emmène jusqu'à notre table, située dans une alcôve avec des murs en pierre brute, puis disparaît. Un autre ninja aux bras musclés se mettra à notre service par la suite.

Notre loge et l'arbre aux shurikens - comestibles

La nourriture était excellente, le nom et jusqu'à la présentation des plats étant relié d'une façon ou d'une autre aux ninjas. Le plus impressionnant n'était cependant pas le menu, mais le ninja spécialiste qui est venu nous voir au milieu du repas. Le visage à moitié dissimulé, une mallette à la main.

J'ai déjà rencontré des magiciens et autres prestidigitateurs auparavant, mais celui-ci ne joue pas dans la même catégorie. Il y a bien sûr les tours banaux quoique bluffants des cartes qui apparaissent de nulle part, des pièces invoquées par le Saint Esprit et autres tours de passe-passe, mais là où j'ai été tué, c'est quand on m'a demandé de tenir fermement l'intégralité des cartes entre mes deux paumes. Le ninja a tiré une première carte - ce n'était pas la bonne, mais c'était prévu et le bonhomme l'a sortie au second tirage. Puis il a malaxé son chakra ou je-ne-sais-quoi pour faire apparaître une carte devant lui. Echec. Echec ? Non, car ce n'est pas une carte qu'il a fait apparaître, mais c'est l'ensemble du deck qu'il a fait disparaître d'entre mes mains ce bâtard. A la place se trouvait un morceau de plexiglas rectangulaire, et je n'y ai vu que du feu. On était effondrés, tous les trois. J'ai vérifié mon portefeuille après coup, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver avec cette racaille. N'oublions pas que les ninjas sont des voleurs espions avant tout.

Un autre ninja nous a raccompagné à la sortie - où on s'est retrouvés comme par miracle. En chemin, il m'a demandé tout naturellement d'où je venais. J'aurais pu le troller en disant Paraguay ou Ukraine, mais j'étais tellement fou qu'un ninja m'adresse la parole que j'ai joué la carte de la vérité. Et là, devant la porte, il nous a sortis deux parchemins de nulle part qui font bien rêver.

Ninja seal of approval

Une autre chose qui a fait rêver, c'est que j'ai mangé aux frais de la princesse, M. Tsumura s'étant chargé de régler pour moi. Pourquoi ? Parce que je suis son kôhai. Je vous avais déjà parlé de la relation sempai-kôhai dans l'article consacré à l'alcool, mais il faut voir que c'est beaucoup plus profond qu'un simple bourrage de gueule imposé. A partir du moment où il y a une différence d'âge significative entre les deux parties, le sempai paye systématiquement pour son cadet parce que ses propres sempai ont payé pour lui du temps où il était kôhai. On a ainsi une chaîne intergénérationnelle qui se fait, un échange de générosité et de soins ininterrompu depuis la nuit des temps (ou peu s'en faut). Et ça, c'est beau. C'est un visage du Japon qu'on n'a pas tant l'occasion de voir depuis l'Occident. Et c'est tout autre chose que l'amalgame Japonais = ninjas = Naruto.

Encore que Naruto lui-aussi casse la dalle aux frais de ses aînés.

jeudi 10 novembre 2011

Sôkeisen ou le match des titans

Si la fin du mois d'octobre rime habituellement avec Halloween, citrouilles, squelettes et compagnie, c'est un peu différent à Waseda. D'une part parce que pas mal de monde n'en a rien à cirer d'Halloween, et d'autre part parce qu'un évènement autrement plus important a éclipsé le sabbat des sorcières :

早慶戦
(Sôkeisen)

Avec le 早 de Waseda (稲田), le 慶 de Keio (応) et le 戦 de sensô (争) qui veut dire guerre, le sens s'éclaire. C'est la baston entre les deux universités rivales, la crème fouettée de l'enseignement supérieur privé, la bataille des deux frères ennemis, j'ai nommé le match de baseball semestriel entre les universités Waseda et Keio ! Etant l'évènement sportif le plus attendu par les étudiants de ma fac, on peut comparer ça à notre Crit à nous. Sauf que les tickets sont à 500Y (5€) et que ça a toute une autre dimension.

Sôkeisen est toujours le match de clôture de la Ligue des six universités de Tokyo, qui se tient chaque année au printemps et à l'automne. Il est donc systématiquement retransmis à la télé par la NHK (le France Télévisions japonais) et le score s'affiche sur la une des grands quotidiens nationaux. Et on en fait des films aussi.

"Last game : le dernier Sôkeisen", un drame social très engagé autour du baseball, de la jeunesse et de la Seconde Guerre Mondiale.

C'est bien beau tout ça, mais ce n'est pas pour le match en lui-même que toute la faune de Waseda se presse. Car derrière les joueurs, c'est dans les tribunes que la véritable compétition se fait : celle de l'ambiance. Et ceux qui mènent la danse sont les véritables combattants : les Ôendan (応援団, littéralement groupes de supporters).


Waseda superheroes

Ce ne sont pas des bandes de bras cassés qui beuglent dans un mégaphone ni des rigolos qui tirent des feux de Bengale, non, ce sont de véritables formations de pompoms accompagnées d'une fanfare, le tout coordonné par les leaders (les Ôenbu, 応援部) et géré par leur propre manager.

Que font les leaders, me demandez-vous ? Ils guident la barque, accordant fanfare et pompoms, lançant les chants, encourageant les joueurs par leurs chorégraphies et narguant les ôendan adverses. Avec leur uniforme d'étudiant japonais entièrement noir (inspiré des uniformes militaires du XIXe siècle) assorti d'un brassard aux couleurs de leur université, leur gestuelle martiale et leurs cris qui ne le sont pas moins, ils ont effrayés pas mal d'étudiants en échange qui les ont pris pour des nazis.

N'allez pas croire que ce sont des pompoms en croquemort qu'on prend pour des tocards. Ils ont un statut social très élevé et sont admirés par beaucoup d'étudiants, d'autant plus que les leaders de Waseda sont connus pour être très bons. N'importe qui ne peut pas devenir ôenbu, ils ont des sélections et entraînements de barge (courir 10 km tout en beuglant des slogans et en portant le giga-drapeau de Waseda qui pèse 15 kilo, etc...) et jusqu'à très récemment, seuls les hommes pouvaient prétendre à ce rôle. Pourquoi ? Parce qu'il faut de la testostérone pour ce genre de boulot. Opinion contestable et contestée par Miki Kogure, demoiselle qui semble avoir plus de couilles que d'autres mecs en accédant très récemment à la fonction d'ôenbu. Une première à Waseda !

Quelques pompoms et un des leaders sur leur estrade. Les gradins principaux de Waseda se trouvent sur la gauche de la photo ; en face, c'est Keio.

J'ai donc pu voir tout ce beau monde durant le match du 30 novembre, qui était la seconde des deux manches du Sôkeisen. Waseda ayant écrasé Keio la veille, il y avait plus de monde chez ces derniers mais nos gradins s'étaient quand même pas mal remplis.

Dès le départ, j'ai eu un problème de taille : photos et vidéos étaient interdites, sauf cas exceptionnels. Pourquoi ? Parce que les années précédentes, il y a eu un scandale de trafic de photos volées où de sympathiques supporters profitaient de la structure des gradins pour photographier les petites culottes des pompoms et s'échanger les clichés sur Internet. Réponse japonaise typique : restriction générale. Mais ça n'empêche personne de le faire, le service d'ordre étant assuré par les pompoms. M'étant fait rappeler à l'ordre une paire de fois par les demoiselles en jupette et craignant de me faire balancer dehors si je me faisais choper trop de fois, j'ai joué la carte de la discrétion en prenant photos et vidéos quand les frêles vigiles avaient le dos tourné. Le résultat, c'est que j'ai pas mal de vidéos pourries mais j'ai bien pu profiter de l'ambiance.

En parlant de l'ambiance, c'est tout à fait différent de ce à quoi j'ai pu assister jusqu'à présent. J'avais poussé un petit coup de gueule quand notre ôenbu se touchait la nouille alors que ça se déchaînait chez Keio (du genre "Mais c'est quoi ces noobs, ils sont en train de nous mettre la misère niveau ambiance en face là !"), mais ce n'était que l'expression de ma totale incompréhension des bonnes manières japonaises. En effet, les ôendan ne se déchaînent qu'à tour de rôle, chacun mettant le paquet quand c'est le batteur de leur équipe qui joue et restant plus soft quand les rôles s'inversent. Il faut dire que les matchs font 9 périodes, ce qui équivaut à un peu plus de trois heures, et que faire les kékos à leur rythme pendant tout ce temps c'est un sacré sport. Sur ce coup là, le noob, c'était moi.




Ôenbu en activité réduite, mais bonne ambiance garantie

Vous pouvez voir sur la vidéo toute une flopée d'espèces de cônes à pop-corn aux couleurs de Waseda. C'est, avec la serviette, le contenu du pack supporter vendu sur place pour 500Y. C'est pas grand chose, mais vu de l'autre bout du stade, ça en balance pas mal quand des gradins entiers agitent ce bout de carton en rythme ! L'autre possibilité était d'acheter un T-shirt Waseda pour le même prix. Mais je n'en avais pas besoin, je m'étais déjà transformé en supporter sociopathe avec mon sweat à capuche Waseda et ma serviette nouée autour du front.

En face, chez Keio, ce n'était pas des T-shirts aux couleurs de l'université qu'ils portaient, mais des cravates. Oui, des cravates rouges et bleues. Pour l'anecdote, des compères français s'étant malencontreusement égarés dans les gradins de Keio en cherchant le stand repas s'étaient mis à troller l'adversaire en se procurant le cornet à pop-corn de Keio tout en portant le T-shirt de Waseda. Ils ont fait pas bugguer pas mal de Japonais éberlués qui passaient leur regard du cornet au T-shirt en s'exclamant "E, chigau ! Chigau !" (C'est différent/On se trompe !) avant de battre en retraite quand les supporters devenaient de moins en moins complaisants, Keio se faisant latter.



Keio taose ! (A bas Keio ! / Ecrasez Keio !)

Ce qui m'a frappé aussi, c'est le nombre de chants et slogans qu'ont les ôendan en répertoire. En comptant les chants solennels, les grands classiques de Waseda, les chants d'encouragement et les chants de dénigrement, on doit bien attendre les sept ou huit. Forcément, avec un tel nombre de chants, il est difficile pour le supporter lambda de retenir toutes les paroles et tous les airs. C'est pourquoi les sympathiques pompoms se sont relayées pour tenir de méga pancartes sur lesquelles étaient inscrites les paroles des chansons en train d'être chantées et le nom des joueurs qu'il fallait encourager. Et bien sûr, les leaders enjoignaient tout le monde à effectuer des chorégraphie de groupe pour bien montrer en face qu'on n'est pas une université de pédés.



Cela passe aussi par un surprenant hommage à Patrick Sébastien

A mi-temps, alors qu'on était en train de perdre à 2-1, les pompoms de terrain nous ont fait un petit show pour remonter le moral des troupes. Et tout le monde filmait comme des connards bien évidemment.



"Et nooos pompoms sont des saloooopeuuuh"

Au final, on est bien remontés vu qu'on les a niqués 4-2. Le vent tournant et la pluie commençant à tomber, les supporters de Keio ont fui comme des rats quittant le navire alors que je commençais tout juste à comprendre les règles du baseball. Autour de la 7e période sur 9 quoi.



Fin du match et applaudissements aux joueurs, le tout filmé avec la grâce d'un bovin atteint de Parkinson



Et pour finir, le chant solennel de Waseda avec sa gestuelle fasciste si populaire auprès des étudiants d'échange

La clôture du match est sans doute ce qui m'a le plus surpris. Après la fin de la chanson, Keio a lancé le slogan de Waseda, Waseda a répondu avec le slogan de Keio et les ôenbu se sont profondément inclinés devant les tribunes adversaires. La signification fait rêver : après s'être opposés le temps d'un match, on scelle de nouveau l'amitié entre les supporters de Waseda et ceux de Keio. Le respect de l'autre est au fond de tout, même quand on ne souhaite que la défaite de l'adversaire, et c'est ça qui donne au Sôkeisen la palme du bon esprit.

mercredi 2 novembre 2011

L'amour, les chats et le Japon

Si pour certains le Japon est le pays des sumo, des ninja et des samouraï, pour d'autres c'est plutôt celui des geishas, des quartiers sulfureux et des love hotels. Vu c'était le Jour de la Culture l'autre jour et que pour une fois on a fait le pont, je vous ai fait un joli post à propos d'amour, de jeunes japonais et de chats. Et peut-être d'un peu plus encore.


Il y a un peu plus d'une semaine, Niji no Kai a eu la grande idée de faire une petite présentation de la culture japonaise sous le nom de Japan Study. Thème de la séance : "What is LOVE like in Japan ?". Vu que ça semblait fun et intéressant, j'ai pris la fin de mon mercredi aprèm pour y aller.

On s'est donc retrouvés dans une grande salle de conférence avec bien plus de monde que prévu. Après avoir lutté pour trouver un projecteur, la séance a commencé. J'avais peur que ce soit un truc un peu glauque sous-titré "Comment choper un(e) Japonais(e) quand vous êtes étranger ?" ; eh bien la première partie en avait la saveur.

On nous a présenté le principe et le déroulement d'un Gou-kon (合コン), sorte de blind dating où un gars et une fille qui veulent mieux se connaître ramènent leurs copains/copines pour avoir plusieurs couples potentiels autour de la table pour dîner. S'ensuit tout un cérémonial pour faire connaissance, notamment des jeux plus ou moins alcoolisés qui sont soit extrêmement naïfs soit extrêmement pervers. Si ça ressemble à des "j'ai déjà/j'ai jamais" et des jeux de succession de signes où les échecs sont sanctionnés par des gages du type "X embrasse Y sur la joue" - ce qui fait un peu gosse de 12 ans -, je suis sûr que ça doit être bien moins innocent que ça dans la réalité.
Les reconstitutions vidéos m'ont semblé assez glauques, on avait l'impression que les acteurs étaient mal à l'aise et qu'ils n'avaient qu'une seule envie : celle de se barrer vite fait bien fait. Attitude plutôt compréhensible quand on se met dans une situation où tous les convives ne sont là que pour tirer leur coup.
Au final, il s'est avéré que je n'ai pas compris grand chose vu que les Japonais se rendent aussi aux Gou-kon pour le simple fait de s'amuser et de se faire des potes. Ca m'apprendra à avoir des arrière-pensées.

Gou-kon typique. De haut en bas et de gauche à droite : "Moi", "Un ami inintéressant", "Les filles"

La présentation s'est poursuivie de façon plus relax avec un petit topo mignon sur les différentes façons de dire "Je t'aime" selon les régions du Japon. Le tout avec un Powerpoint dégoulinant de rose et de coeurs dans tous les sens. Kawaii~ !

Mais c'est vers la fin que c'est devenu épique. On nous a distribué des polycopiés avec une liste de mots en langage de djeunz' japonais, chacun se rapportant aux stéréotypes amoureux assortis d'une traduction hasardeuse en anglais. Et on nous a projeté une vidéo explicative des différents termes avec des mises en situation hilarantes au possible. Coup de chance, j'ai réussi à remettre la main sur la vidéo et elle devrait être visible ici.

Faisons donc un petit tour en revue :

B-sen (B専) "Like ugly guys"
Se dit d'une fille qui aime non-pas les beaux mecs populaires, ceux de Première classe, mais les loosers et autres laissés-pour-compte. La deuxième division quoi.

Sweets (スイーツ) "Girls that are stupid but care about fashion"
Des donzelles mignonnes et à fond dans la mode, mais qui manquent de plomb dans la cervelle. Ou sont juste stupides, mais c'est mignon.

Otaku (オタク) "Nerd"
Personne qui est tellement à fond dans sa passion qu'elle en devient quelque peu bizarre. Ce n'est pas forcément relié aux jeux vidéos et aux mangas, ça peut concerner tout et n'importe quoi. Et ça se reflète sur la personne.

GAL (ギャル) "Showy girls"
Petite kikoo-pouf attention whore à forte personnalité.

Soushokukei(草食系) "Herbivore men" & Nikushokukei (肉食系) "Carnivorous men"
N'ayant jamais entendu ces expressions de carnivore et d'herbivore, je suis resté en mode WTF jusqu'à avoir des illustrations complètes. Au final, c'est clair comme de l'eau de roche. Le mec herbivore, comme le laisse entendre l'adjectif, est placide : pas franchement passionné, il se laisse entraîner, ne prend jamais les décisions et répond bien souvent par "c'est comme tu veux" ou "c'est toi qui décide". La nonchalance à l'état pur, mais dans le mauvais sens du terme d'autant plus qu'il ne capte jamais ce que la donzelle veut vraiment. Le mec carnivore, à l'inverse, est ultra au taquet : il fait son marché, traque ses proies et attaque, parfois violemment et de manière ultra relou. N'étant pas là pour manger des salades, il veut de la chair fraîche. S'il n'est pas forcément un tombeur, il sait ce qu'il désire et arrive bien souvent à ses fins.

Et après, on peut faire mixer ces deux derniers avec des métaphores culinaires.

Rollcabbage (ロールキャベツ) "Carnivorous men that looks like herbivore men"
C'est plutôt clair : c'est un carnivore qui ressemble à un herbivore. D'apparence nonchalante, timide et désintéressée, il est en réalité chaud bouillant et sait s'y prendre. Pour info, un rollcabbage, c'est ça.

Aspara Nikumaki (アスパラ肉巻き) "Herbivore men that looks like carnivorous men"
C'est un mec qui a l'air ultra hot et chaud comme la braise, mais qui est d'une timidité voire d'un manque d'intérêt et de compréhension plutôt déconcertant pour la gent féminine. En gros, ça ressemble à ça.

Tennenkei (天然系) "Pure girl"
Il s'agit de la demoiselle tellement pure et naïve que ça en devient étrange. Elle ne voit pas le mal et ne comprend pas les sous-entendus, ce qui fait qu'elle est un peu bébête mais très intentionnée.

Wasejo (わせ女) "Waseda girls"
Sans doute la némésis de la Tennenkei. Souvent bourrée, rusée pour arriver à ses fins, ayant les moeurs légers et étant sans doute un peu mauvaise langue, c'est la fierté de notre maison. Oui monsieur.

Tsundere (ツンデレ) "Cool but nice"
Derrière cette traduction mystérieuse se cache la fille des contraires. Celle qui feint l'indifférence quand elle est heureuse de quelque chose, qui engueule ceux qu'elle aime en vérité et qui est de manière générale en train de gueuler à propos de tout et n'importe quoi. Mais au fond, c'est une très gentille fille. Pour nos amis connaisseurs, cette pouffiasse d'Asuka d'Evangelion est un bon exemple.

Riaju (リア充) "People who lead a full life"
Je dois vous faire un dessin ? Parce qu'en fait, j'hésite encore sur la portée de cette expression.

Félicitations ! Vous avez complété l'encyclopédie des stéréotypes, vous pouvez jouer à qualifier vos petits camarades dès à présent !

On nous avait aussi fait une petite présentation sur les bons endroits où convenir d'un rendez-vous. Etant bien moins détaillé et révélateur que je l'avais espéré, elle s'est limité à nous présenter les endroits coolos de Yokohama (grande roue, maison en briques rouge, yeah !) et à recommander les Neko café.

... Hein ?

J'avoue avoir un peu buggé sur le moment. Les Neko café ? Un date spot, vraiment ? J'en avais déjà entendu parler auparavant et je connaissais donc le principe : on se rend dans une sorte de salon de thé pour papouiller des chats. Ca m'avait semblé un peu léger, mais j'avais dû louper louper le côté romantique de la chose.

Il faut bien croire que je devais y aller moi-même pour vérifier la chose. Et vu que ma moitié me suggérait depuis un bon moment et l'air de rien d'aller dans un Neko café qu'elle a adoré, on s'est mis en route pour Shibuya. Pas tant à l'écart que ça de son célèbre carrefour surpeuplé et des artères encombrées d'enseignes lumineuses, on a trouvé cette enseigne de paix.

Neko café "Happy neko". Soit dit en passant, Neko veut dire... tadadaaaa... chat !

A l'intérieur, on s'est retrouvé dans une ambiance à mi-chemin entre le salon de thé pépère et la chambre de jeune fille. Lavage et désinfection des mains obligatoires à l'entrée, petit topo sur ce qu'on peut faire ou non avec les chats, on paye en fonction du temps passé et on peut acheter de la nourriture pour chats. De la nourriture pour humains aussi d'ailleurs, mais tout est plus ou moins un dérivé du lait. Petite galerie photo...







Dès le premier pas à l'intérieur, je me suis rendu compte que Niji no Kai n'avait pas raconté des cracks. Un couple de jeunes gens était affalé sur le tapis central, visiblement en rendez-vous amoureux, occupé à jouer avec un petit chaton. J'ai juste un peu foutu leur date en l'air quand j'ai ouvert la petite boîte format échantillon d'urine contenant les cinq misérables croquettes, tous les chats de la pièce s'étant précipités comme des connards pour avoir leur part du gâteau.

Morfales.

Il faut noter que comme ces chats sont papouillés 24h/24 par des inconnus, ils ont chopé un ego comparable à celui d'Olivier Duhamel. Ils s'en foutent parfaitement de toi et ne se laissent caresser que du bout des doigts, jetant à l'occasion des regards chargés de mépris, mais dès que t'as un peu de nourriture dans les mains ils se font tout de suite plus amicaux. Satanés opportunistes.

C'était bien sympathique de voir de jolies peluches vivantes, mais je me suis demandé comment ce concept peut marcher. L'explication qu'on m'a avancée me semble plausible : bien des Tokyoïtes ne pouvant pas garder d'animal de compagnie chez eux, c'est un moyen de compenser et un exutoire au trop-plein d'amour à déverser.

Ou alors, c'est tout simplement parce que les Japonais aiment les chats. Et les filles aux oreilles de chat.

Ce n'est pas seulement la rentabilité des Neko café qui est conditionnée par la structure de la société, mais aussi l'ensemble des comportements amoureux et de la vie de couple japonaise. Si vous avez lu le roman (surcoté) d'Amélie Nothomb Stupeur et tremblement, vous n'aurez pas loupé toute la partie sur la volonté de se marier jeune au Japon.

Nothomb a comparé la fille célibataire passés 25 ans à une fleur fanée au regard de la société japonaise ; heureusement, les choses ne sont plus ainsi. Dû aux transformations de la société etc., par rapport à ce qui était la norme quelques décennies plus tôt, on se marie soit très tôt (tout juste après la vingtaine, voire même avant), soit très tard (à l'aube de la trentaine). Passé 30 ans, ça craint pour les Japonaises. Pas juste parce qu'elles sont célibataires, mais parce qu'elles ont de plus en plus de chances de le rester : si elles n'ont pas trouvé de mari à cet âge, pensent les Japonais, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison...

C'est pour ça qu'après la recherche du premier travail - tâche ardue durant la dernière année à l'université - et sa place ancrée dans le monde du travail, certaines japonaises se lancent dans une autre chasse au trésor : celui d'un mari. Et là, ça y va fort en Gou-kon. Les étrangers étant très prisés, vous avez de très fortes chances de recevoir des avances insistantes de la part de vos collègues féminins si vous êtes un gaijin salary-man. Et encore plus si vous êtes un Français venant de Paris. Le harcèlement sexuel va dans les deux sens.

Dans cette recherche frénétique contre la montre, il semblerait que les femmes fassent feu de tout bois. La structure du travail joue en cette faveur : les travailleurs japonais étant très pris par leur travail, partant tôt le matin, revenant tard le soir et enchaînant voyage d'affaire sur voyage d'affaire, il est facile pour un couple de ne pas se voir du tout. Ainsi, il est des foyers où le seul lien entre le mari et la femme soit les enfants, pas l'amour. D'ailleurs, les couples ne semblent pas montrer leur attachement en public, pas même dans le cercle familial : de nombreux Japonais n'ont jamais vu leurs parents rien que se tenir la main ! De manière générale, il n'est pas très bien vu de se bécoter en public et rares sont les couples marchant dans la rue main dans la main. Cela se retrouve chez les jeunes aussi : je ne me souviens pas avoir vu beaucoup de couples sur le campus, et sans cette merveilleuse invention qu'est Facebook je n'aurais jamais deviné qu'un tel sort avec un tel. Ou alors, ma sagacité ne s'est exprimée qu'en remarquant des signes discrets.

Je ne sais pas dans quel sens va la causalité, mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, le Japonais est plutôt... volage. L'infidélité semble chose courante et la confiance n'est pas au top dans le couple, certaines étudiantes refuseraient même de voyager hors du Japon pour tenir un oeil sur leur copain. Si l'homme peut se permettre quelques plaisirs extra-conjugaux durant ses longs voyages d'affaires à des centaines de kilomètres du foyer, rien n'interdit l'épouse d'en faire de même. Peut-être dans la lignée des mariages arrangés traditionnels, il est admis que le bonheur et l'amour puissent se trouver hors du couple officiel.

Dès lors, toute une structure de services se met en place. Monsieur veut passer un petit moment avec une demoiselle illégitime en tout anonymat ? Pas de problème, le réseau des love hotels est répandu tout autour des grandes gares tokyoïtes, aucun contact visuel ne se fait entre le personnel et les clients tandis que les plaques d'immatriculation des voitures sont camouflées. Pas le temps de passer la nuit ? Aucun souci, les love hotels proposent aussi des "breaks", comprendre une tarification par périodes de 3 heures à tout moment de la journée ou de la nuit. Le love hotel est aussi populaire auprès des jeunes étudiants qui vivent tardivement chez leurs parents et/ou à une très longue distance. Le love hotel s'implante aussi à proximité des boîtes de nuit pour satisfaire aux belles rencontres. Les clients ont des attentes particulières ? On a pensé à tout avec des hôtels à thèmes prêts à répondre à tous les fantasmes avec mobilier, décoration, matériel vidéo et accessoires fournis. Des professionnels, ces Japonais.

Colline des love hotels à Shibuya

Mais attention, la prostitution est officiellement interdite au Japon. Vraiment ? Qui sont alors ces demoiselles courtement vêtues qui font les cent pas dans les petites ruelles, non-loin des love hotels par ailleurs ? Attendent-elles leur cher et tendre ? Il faut voir ce qu'on entend par prostitution. Au Japon, il n'y a prostitution que s'il y a pénétration... ce qui fait qu'un grand business s'est créé autour de la fellation dans les bars à hôtesses, chez les masseuses ou bien dans des bains spéciaux où on se fait savonner par des demoiselles et bien plus encore.

Mais rassurez-vous, si vous êtes occidental, vous n'aurez pas besoin d'avoir recours à ces services. Les Occidentaux sont extrêmement populaires et vous ne devriez pas avoir de mal à vous trouver un copain/une copine. Car vous devenez Charisma Man.