Non, je ne suis pas encore porté disparu, et je ne suis pas non-plus rentré en France à l'heure où bien des camarades finissent leur 3A. Le rapport de séjour en premier lieu, les cours, et divers autres éléments (petit boulot de temps à autres, Game of Thrones, etc...) ne me laissent pas assez de temps pour poster autant que je le voudrais. Il y a tant de choses dont j'aimerais vous faire part, mais l'horloge tourne... Le cliquetis de ses aiguilles est d'autant plus assourdissant qu'après avoir refait le compte du temps qu'il me reste de ce côté de la planète, le compteur vient de dépasser la barre des trois mois. Horreur. Où est donc passé tout ce temps perdu, à savoir comment ?
Il l'avait déjà prédit 53 ans auparavant. Quel bonhomme, ce Jacques ! |
Quoi qu'il en soit, il y a plusieurs informations plus ou moins avariées dont je voulais vous faire part avant de repasser à l'actualité. Rubrique nécrologie, ouvre toi.
Tout d'abord - et je vous en ai longuement parlé auparavant - le printemps est arrivé. On a eu les sakura, la hausse des températures, la stabilisation d'un beau temps qui commence à s'entrecouper de jours de pluie et de sympathiques orages, mais aussi le commencement d'un nouveau semestre qui est en réalité le premier. En effet, si le calendrier civil japonais commence en janvier, les calendriers fiscal et universitaire commencent en avril ! Ainsi, c'est tout un flot de nouvelles recrues de 18 ans qui s'est déversé sur le campus, allant d'une orientation académique à une autre tout en se perdant en cours de route dans la jungle des bâtiments numérotés. Ils étaient venus pleins d'espoir, de rêves de gloire, d'études brillantes et de célébrité future, mais ils ne savaient pas que leurs prédécesseurs, eux, les attendaient de pied ferme.
Coucou |
Eh oui, les clubs et cercles de Waseda rôdaient par centaines sur les campus principaux, tout à la chasse aux premières années. C'est également la rentrée de la vie associative (très) prolifique de l'université, car après les adieux larmoyants de février faits aux 3e années quittant toute activité extra-universitaire pour se concentrer sur la fastidieuse recherche d'emploi, il faut regonfler les rangs de nouvelles recrues. Ici, on ne rigole pas avec la matière : quand on intègre un club, on en reste un membre jusqu'à la fin de ses études. Il n'y a pas que le côté honneur et respect du groupe qui joue ici, mais aussi le simple fait que les amitiés les plus profondes et sincères se tissent au sein des cercles. De fait, la rentrée universitaire est l'occasion de l'année pour les groupes divers et variés de se régénérer et de se perpétuer en de nouvelles générations - bon nombre d'entre eux existant depuis plus de 50 ans. Du coup, ils y mettent les moyens. Tous les moyens.
Folie sur le campus |
Si vous avez comme une impression de déjà-vu, c'est normal : l'atmosphère était peu ou prou la même que durant le Festival de Waseda en fin d'année. Mais à la place des stands de crêpes, yakisoba ou taiyaki se trouvaient des tables posées un peu n'importe remplies de propagande et de fiches d'inscription, et à la place des étudiants déambulant dans des déguisements plus recherchés les uns que les autres rôdait une foule compacte de teneurs de pancartes et de distributeurs de flyers. La preuve en images.
Mais là où j'ai le plus halluciné, c'est quand je me suis rendu près de l'auditorium Ôkuma.
Une grève ? Une protestation étudiante contre les frais de scolarité ? Une masse d'admirateurs attendant une célébrité ? Non : juste une foule de vautour postée en embuscade, attendant que les 1A sortent d'une de leurs conférences d'orientation. Dès que les premiers étudiants sont sortis, ça a été une bousculade monstre. La foule remua comme une mer de tempête, hurlant ses slogans, agitant ses pancartes et bourrant littéralement les nouveaux venus d'une masse de flyers. Les pauvres ne pouvaient que tendre légèrement les mains pour se retrouver en une poignée de secondes avec une pile de trente feuilles A4 imposées de force dans leurs bras. Un bordel incroyable.
Les 1A ne comprennent vraiment pas ce qui leur arrive. |
Le chemin est étroit et semé d'embuches |
Mais dans toute cette agitation qui fleurait de temps en temps la testostérone et les coups de sang, il y a eu des évènements bien sympathiques et une ambiance très festive.
Pompoms et ôenbu étaient de la partie |
Pancarte très bon esprit pour un club de karaté avec le célébrissime Rilakkuma. Le karaté sans peine ! |
Flyer pour le club de culturisme qui ne se gêne pas pour chambrer l'université Keio au passage. En haut : Mister Waseda. En bas : Mister Keio. Tafioles. |
Porteurs de pancartes dansant au rythme de la Batucada. On se serait cru au Crit, à l'autre bout de la Terre |
Aperçu des brochures tombées au combat. Impact écologique massif. |
Bien entendu, le mois d'avril était aussi la période d'intégration des nouvelles recrues dans leurs clubs respectifs. Cela s'est traduit par la multiplication hallucinante des nomikai organisés dans tout le quartier ainsi que du nombre de bourrés à la station Takadanobaba à 19h. Il faut bien qu'ils se fassent leurs premières armes.
Cette folle effervescence à peine achevée, j'ai choisi mes cours pour le semestre. Désirant avoir plus de temps libre pour profiter du Japon avant la fin, j'ai choisi pas mal d'enseignements avec une charge limitée en devoirs à la maison, mais j'ai aussi - ô miracle ! - débloqué mon week-end en me débarrassant de tout boulet le samedi matin. Arrivant désormais à communiquer plutôt aisément dans la langue des samouraï, j'ai reporté mes efforts sur des cours plus culturels afin de me plonger dans les profondeurs de l'archipel, très loin sous le vernis de J-pop et de pachinko qu'on peut voir à tous les coins de rues. Je me suis aussi fait plaisir sur certains enseignements, ayant enfin le niveau de prendre autre chose que des cours où on se raconte notre vie en 300 signes. Petit aperçu :
- Learn Japanese through the World of Hayao Miyazaki 5-6
- The latest Japan in TV news 5
- The Falk Tale and the Fairy Tale 5-6
- Let’s Read Japanese Old Tales 5-6
- Natural Expressions in Japanese 5-6
- Vocabulary Building 5-6
- Music of Japan: from nursery rhymes to lieder 4-8
Deux exemples pour vous donner une idée :
Chatsumi, ou comment cueillir le thé dans la bonne humeur.
Inu no omawari-san, à propos d'un chien policier bien embarrassé face à un enfant perdu
- Learning Loan Words in Japanese 5-6
- Communicative Pronunciation 5
- Japanese Sentence Patterns for Communication (1) 6
- Shinto in Japanese History and Culture
- Language and Society
Bref, en ce début d'année scolaire, le campus de Waseda était plein à craquer d'étudiants bien consciencieux. Je suis même tombé à plusieurs reprises sur ce genre d'individus :
Non, ce ne sont pas des loubards parés à vous casser la gueule avec le sourire, mais juste une bande de lascards portant l'uniforme de Waseda. Remarquez la forme carrée de la casquette, spécificité voulue par le fondateur, Shigenobu Ôkuma, pour qu'on puisse reconnaître un étudiant de son établissement au premier coup d’œil où que l'on soit dans l'archipel. Au Japon, l'uniforme est obligatoire à du primaire à la fin du lycée ; une fois la liberté de se vêtir acquise en entrant à l'université, vous vous doutez bien que l'immense majorité des étudiants s'habille différemment. Toutefois, une minorité tradi arbore fièrement cette tenue (inspirée par les uniformes militaires de l'ère Meiji) comme pour revendiquer son appartenance à cette prestigieuse institution. En d'autres termes, bien des 1A se sont sentis pousser des ailes en arrivant.
Mais il ne savaient pas qu'une maladie grave, se répétant chaque année comme la grippe et connue de tous leurs sempai était sur le point d'arriver. Elle s'appelle la Golden week. Il s'agit d'une succession de 4 jours fériés courant du 29 avril au 5 mai, généralement simplifiée en une semaine de vacances - ce qui est la période préférée des Japonais pour prendre des congés. Pour une obscure raison pas-si-étrange-que-ça liée à l'arrivée du beau temps et de températures supérieures à 20°C, la Golden week a un effet décision sur les étudiants de Waseda qui, au lieu d'aller sagement en cours et d'étudier studieusement, préfèrent glander au soleil ou se la coller à l'ombre. Comme quoi, il ne fallait pas leur accorder leur seule semaine de congé du semestre. Le nombre d'étudiants sur le campus a bel et bien chuté, libérant l'université d'une foule compacte et facilitant le transit de bâtiment en bâtiment. Impec !
De mon côté, j'ai imité les autochtones en prenant ma valise pour faire un tour de l'autre côté de la mer du Japon, posant sur pied sur cette merveilleuse péninsule qu'on appelle la Corée. Mais ça, ce sera pour mon prochain article...
Non, ce ne sont pas des loubards parés à vous casser la gueule avec le sourire, mais juste une bande de lascards portant l'uniforme de Waseda. Remarquez la forme carrée de la casquette, spécificité voulue par le fondateur, Shigenobu Ôkuma, pour qu'on puisse reconnaître un étudiant de son établissement au premier coup d’œil où que l'on soit dans l'archipel. Au Japon, l'uniforme est obligatoire à du primaire à la fin du lycée ; une fois la liberté de se vêtir acquise en entrant à l'université, vous vous doutez bien que l'immense majorité des étudiants s'habille différemment. Toutefois, une minorité tradi arbore fièrement cette tenue (inspirée par les uniformes militaires de l'ère Meiji) comme pour revendiquer son appartenance à cette prestigieuse institution. En d'autres termes, bien des 1A se sont sentis pousser des ailes en arrivant.
Mais il ne savaient pas qu'une maladie grave, se répétant chaque année comme la grippe et connue de tous leurs sempai était sur le point d'arriver. Elle s'appelle la Golden week. Il s'agit d'une succession de 4 jours fériés courant du 29 avril au 5 mai, généralement simplifiée en une semaine de vacances - ce qui est la période préférée des Japonais pour prendre des congés. Pour une obscure raison pas-si-étrange-que-ça liée à l'arrivée du beau temps et de températures supérieures à 20°C, la Golden week a un effet décision sur les étudiants de Waseda qui, au lieu d'aller sagement en cours et d'étudier studieusement, préfèrent glander au soleil ou se la coller à l'ombre. Comme quoi, il ne fallait pas leur accorder leur seule semaine de congé du semestre. Le nombre d'étudiants sur le campus a bel et bien chuté, libérant l'université d'une foule compacte et facilitant le transit de bâtiment en bâtiment. Impec !
La Golden Week selon Google. |
De mon côté, j'ai imité les autochtones en prenant ma valise pour faire un tour de l'autre côté de la mer du Japon, posant sur pied sur cette merveilleuse péninsule qu'on appelle la Corée. Mais ça, ce sera pour mon prochain article...