samedi 24 décembre 2011

De poisson à foison


Une fois n'est pas coutume, je vais écrire à propos de quelque chose qui ne s'est pas passé le siècle dernier, mais la semaine dernière. Espérons que ça devienne une bonne habitude.

Ca faisait un petit moment que je voulais aller visiter le marché aux poissons de Tsukiji. Recommandation absolue de tous les guides de voyage, c'est là que débarquent chaque matin et par camions entiers les tonnes de poisson et autres fruits de mer qui alimentent les poissonneries et les restaurants de sushi de Tokyo. Les pêcheurs étant des gens de bon matin, les préparatifs du marché commentent à 1h du mat' pour une ouverture programmée vers 5h, soit bien avant le premier métro. J'avais pour plan de sortir en soirée à Roppongi puis d'aller directement à Tsukiji pour la vente à la criée, histoire de manger du poisson cru en chemise et d'avoir du thon rouge au petit déjeuner. Cela tient toujours, mais ça n'en est que remis à plus tard - ça pourrait être hilarant - car j'ai préféré sécher mon samedi matin pour y aller à la fraîche sur l'invitation de mes sempaï.

Quand je dis "à la fraîche", tout est relatif. C'est vers 9h qu'on s'est pointés au marché (soit 3h après les enchères des monstres de plusieurs quintaux), à l'heure où les fiers pêcheurs prenaient leur dîner dans les échoppes à râmen alentours. J'avais prévu la visite de longue date avec M. Tsumura, ce qui lui a permis d'inviter sa femme, moi d'inviter ma copine, et au couple d'organiser une rencontre avec un groupe d'autres sempaï plus âgés. Il y avait parmi eux un homme de presque cinquante ans qui en semblait trente, bottes en plastique aux pieds et coupe-vent sur le dos, qui connaissait TOUT sur les poissons. Nous emmenant à travers les allées étroites de la halle aux poissons un grand sourire aux lèvres, lui qui avait déjà une dégaine de maître-pêcheur, il semblait nager dans son élément. Et quel élément !


Si les zones à l'extérieur dédiées à la vente aux particuliers étaient propices à la flânerie, le quartier ayant un charme tranquille avec ses petites ruelles, ses petites échoppes et sa foule du week-end, la grande halle plutôt orientée professionnels fait moins touriste-friendly. Partout filent de petits bolides qui manquent de vous renverser si vous ne faites pas attention, leur design d'auto-tamponneuse ayant sans doute été adopté dans le seul but de tuer les gaijin sur le coup. Pour mieux les désosser et les vendre comme steaks de thon dans les étals alentours. Si les manutentionnaires faisaient bien comprendre qu'ils bossaient et qu'il ne fallait pas traîner dans leurs pattes - rappelant les braves charretiers de Lutèce - les vendeurs étaient bien plus patient et sympathiques bien qu'on ne faisait que photographier sans rien acheter. Visite guidée en photos du plus grand marché aux poissons du monde.





La découpe du thon surgelé, à la scie électrique. Meilleurs que des tailleurs de pierre.

La tête, c'est ce qu'il y a de meilleur. Paraît-il.

Le fameux fugu, aussi appelé poisson-globe

De la découpe à la barquette


Tout est bon dans le thon !

Du poulpe à la louche


Même Hello Kitty veut buter des gaijin avec son bolide

Étals bondés dans le marché extérieur


Voir toutes ces merveilles nous a donné faim. Bien évidemment, c'est vers un restaurant de sushi ultra-bondé qu'on s'est dirigés pour goûter à la prise du jour. Et ça ne m'étonnerait pas que les poissons vus en vente quelques heures auparavant se soient retrouvés dans nos assiettes !

Miam.

Sur proposition du spécialiste des poissons, j'ai tenté le fugu. Oui, le fugu, alias poisson-globe, le poisson toxique qui t'expédie très rapidement à la morgue s'il n'est pas correctement préparé. Vu que je n'en suis pas mort, je suppose que le chef n'avait pas trouvé sa licence dans une pochette-surprise - la vente du fugu est soumis à régulation. Reste que ce n'était pas le meilleur sushi de ma vie, le poisson étant fondant mais n'ayant pas trop de goût. Ca ne vaut pas le bon vieux thon rouge à l'extinction duquel je participe malheureusement.

Portrait d'un assassin

Etant assis entre Emma et Yoko - la femme de M. Tsumura -, j'ai pu piquer dans le plateau de la première et en apprendre de la seconde. Elle m'a notamment montré comment plier l'étui en papier des baguettes pour en faire un repose-baguette en origami, de quoi briller en société. Elle m'a également présenté son carnet personnel où elle recueille les tampons des lieux célèbres où elle a été, que ce soit une gare, un aéroport ou bien les pavillons de l'Exposition universelle de Shanghaï. On peut vraiment trouver ce genre d'énorme tampon dans tous les endroits touristiques à condition de bien savoir chercher, ce qui me fait penser au trafic de médailles-souvenir en France, sauf qu'ici ça fait bien moins ringard et ça a des allures de chasse au trésor. Je pense que je vais m'y mettre aussi, ça pourrait être un bon moyen de recueillir des souvenirs.

Un grand merci aux sempaï de nous avoir fait visiter cet endroit et de nous avoir offert le repas. En sortant, l'après-midi hivernal de Tokyo nous ouvrait ses bras pour une petite balade au soleil...


1 commentaire:

Elsa a dit…

Hello ! Je l'ai visité la semaine dernière justement, lors de mon coursséjour à Tokyo. C'est assez impressionnant. Super tes photos !