lundi 5 décembre 2011

L'automne à la japonaise - Acte 1 : Nikkô

Premiers jours de décembre, premiers jours d'hiver. La morte saison est venue aussi brusquement que l'automne, les températures ayant chuté du jour au lendemain. Il faut croire que c'est la fin des éternels 18°C sous un ciel bleu azur... En souvenir de cette saison qui n'a rien en commun avec son venteux et pluvieux équivalent français, voici en deux actes les chroniques de l'automne japonais.

Par votre serviteur.

La première aventure commence mi-octobre quand un ami japonais m'envoie un message aux abords mélodramatiques. "Salut Thomas. J'ai quelque chose à te dire". Ce n'était toutefois pas un message de rupture ni une annonce de fin d'amitié, mais juste une invitation chaleureuse et un tantinet insistante à m'inscrire à un certain séjour en province réservé uniquement aux premières années et aux étudiants d'échange, et organisé par un certain club international. La deadline pour le paiement était le lendemain. Vu que la chose avait des parfums de week-end d'intégration, je n'ai pas tardé à prendre ma décision et passer à la Poste pour retirer du flouze. Dès lors, j'ai basculé dans la 5e dimension.

Les messages de la mail-list étaient formels : interdiction de trop mentionner cet évènement sur Facebook en général ni son caractère alcoolisé en particulier, interdiction de mentionner le nom du club organisateur une fois sur place et même interdiction de faire référence à Waseda une fois sur place. On nageait en plein secret. J'ai demandé à un deuxième année la raison de tant de mystères, qui s'est avérée être aussi simple qu'excitante : les premières années étant généralement mineurs (rappelons que la majorité est à 20 ans ici), les organisateurs peuvent se retrouver gravement dans la merde si on apprend qu'ils vont aider tous ces jeunôts à se mettre une mine. De plus, l'édition précédente de cette retraite mystique avait tellement retourné les lieux qu'on leur a cordialement fait comprendre que ce n'était pas la peine de revenir. Et si de graves troubles se passent, c'est dissolution du club + graves sanctions aux organisateurs du voyage, mais aussi aux responsables généraux du club... mieux vaut donc laisser planer le doute.

C'est donc avec excitation que je me suis préparé à une joyeuse colonie de vacances un week-end de mi-novembre. Départ du bus durant l'après-midi, on fait connaissance et mumuse durant le trajet puis on arrive au bout de trois dans l'obscurité la plus complète. Destination : un vieux complexe hôtelier perdu au milieu de nulle part. Ambiance Silent Hill garantie.

Faites gaffe au scarabée



Le plus glauque reste quand même la diffusion d'inquiétant remix de grands classiques de la pop en version berceuse dans les couloirs. J'attendais juste de voir comment j'allais me faire tuer.

Après un buffet de folie qui aurait pu nourrir une armée d'affamés et un petit tour aux bains où je me suis surpris à causer de vins et de voyages avec les chauffeurs de bus, ça a été le repos avant la tempête dans la grande salle commune des mecs. Là, assis en tailleur sur le tatami, j'ai découvert que certains jeux sont universels en battant les cartes avec un groupe de Japonais. Ils ont ainsi une variante du Président où on joue avec les jokers, où les 8 terminent automatiquement le pli et où le valet inverse l'ordre de puissance des cartes. Vu qu'un Américain avait un I-pad2 (coucou Bouillot), j'en ai profité pour découvrir un peu la bête. Je savais que l'I-pad est ultra-geeky, mais là ça a atteint des sommets. J'ai pu jouer à une pléthore de jeux plus nerd que jamais, entre celui où on incarne un robot-licorne qui doit collecter des fées et détruire des étoiles celui où on pilote un chat muni d'un jet-pack dans un univers techno-épileptique, et puis le Messie : le jeu Nyan Cat. Omagad.


Puis il a été l'heure. On est allés à l'autre bout du complexe dans une salle des fêtes aux allures d'abattoir, plongée dans l'obscurité, où nous attendaient moult snacks et autres boissons alcoolisées. Tout en buvant, grignotant et faisant connaissance, on a vu une succession d'évènements se produire dans tous les coins dont plusieurs sketchs hilarants dont je n'ai quasiment rien compris, une chorégraphie féminine mi-hot mi-kawaii inspirée de clips coréens, l'irruption d'un groupe de 3A s'étant ramené en voiture pour prendre un verre, et... un bingo. Oui, un BINGO. Ce fameux jeu des maisons de retraite françaises s'avère très populaire dans les soirées japonaises entre amis. Choc culturel, mais aussi grosse marrade.

"Et c'est Madame Michu qui remporte le robot mixeur !"

Au final, c'était beaucoup moins furious que ce à quoi je m'attendais. C'est sans doute lié aux boissons qui, si elles étaient à profusion, n'en restaient pas moins bridées à quelques degrés d'alcool. La faute à l'année précédente, bien sûr, où vins et spiritueux ont provoqué quelques désagréments. Mais c'était drôle quand même, bon enfant et bon esprit.

Alors que la soirée se terminait vers 4h et que je quittais la salle avec les derniers gaillards, un problème de taille s'est posé : il n'y avait plus un futon de libre dans la chambre commune. Après un petit moment d'incertitude-comatage dans le lounge, on a fini par réquisitionner une chambre individuelle où on s'est effondrés à trois. 8h, le staff étudiant débarque pour nous lever pour le petit-déjeuner. On ouvre les yeux, on les referme et on se rendort pour mieux nous réveiller à 9h, où on nous dit de nous bouger pour monter dans les bus. Si je l'avais un peu mauvaise d'avoir loupé mon repas, ouvrir les rideaux a suffi à dissiper ma légère irritation.





Ca y est, j'ai enfin vu les Momiji. J'avais peur que la saison des feuilles d'automne était passée depuis belle lurette, mais j'étais arrivé pile au bon moment ! Quasiment tous les arbres prenant des couleurs dorées et rosées en cette saison, le Kôyô (紅葉, "feuilles écarlates") est une partie intégrante de la culture japonaise automnale. Parmi toutes ces couleurs, le Momiji est roi avec sa parure rouge vif et sa forme caractéristique. Ce n'est pas pour rien que son écriture en kanji est la même que celle de Kôyô !

Les saisons ont une importance particulière et chacune d'entre elle est reliée à des concepts et traditions profondément ancrées dans la population. L'automne est particulièrement codifié en trois variantes : l'automne de la nourriture, l'automne de la lecture et l'automne du sport. Le premier a trait à toutes les merveilles culinaires dont Dame Nature fait preuve dans sa grande mansuétude : champignons, kakis, poissons de saison, mais aussi et surtout châtaignes et citrouille japonaise qui se retrouvent à tous les étalages et dans toutes les pâtisseries. C'est pensé comme la meilleure occasion de se régaler entre l'été étouffant et l'hiver au repos. Pour ce qui est de l'automne de la lecture, les Japonais ont juste une soudaine fringale de livres quand l'humidité de l'angoisse disparaît et quand il fait juste bon lire dedans ou dehors. C'est aussi le temps de la rentrée littéraire avec tous les prix qui y sont liés. L'automne du sport est relativement simple aussi : on a la fenêtre idéale pour se bouger un peu, alors on va pas louper cette occasion semestrielle. C'est ainsi que de nombreuses compétitions sportives extérieures sont généralement organisées en automne.

Dans les bus, c'est surtout l'automne du comatage qui a prévalu. Une demi-heure plus tard, nous voilà arrivés pour la deuxième partie du week-end : la visite de Nikkô ! Située aux pieds des montagnes et aux portes d'un parc naturel portant son nom, Nikkô a été pendant plusieurs siècles un important centre bouddhiste et shintoïste. De cette période restent de très nombreux temples et sanctuaires, l'ensemble étant classé au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est aussi ici que Ieyasu Tokugawa, unificateur final du Japon et premier shogun de l'ère Edo (1600-1868) a choisi de passer l'éternité en construisant son mausolée. Visite en photos.





L'entrée du Tôshô-gû, le sanctuaire le plus connu (et couru) de la ville





Tombeau d'Ieyasu Tokugawa, au sommet d'une colline boisée aux centaines de marches. Ambiance incroyable.

Vous les reconnaissez ? Ce sont les trois singes de la Sagesse, parodiés à tour de bras sur mugs et T-shirts. Voici respectivement Kikazaru (N'entend pas le mal), Iwazaru (Ne dit pas le mal) et Mizaru (Ne voit pas le mal). Sculpture du début XVIIe, au dessus des écuries. True story bro.








J'avais déjà visité Nikkô lors de mon premier séjour au Japon en 2007, mais il y a une grande différence de paysage entre l'été et l'automne. Voir ces hauts lieux parés de feuilles pourpres, oranges et dorées a quelque chose de magique. Ca donne l'impression d'un passé qui traîne sans jamais s'en aller, comme un souvenir qui reste en tête ou un livre poussiéreux qui n'attend que d'être consulté.

Lors du retour en bus à Tokyo en fin de journée, on n'était plus qu'un équipage de cadavres tout juste bons à roupiller en position du foetus. Même le chauffeur faisait de légers zigzags sur la route. Mais en ouvrant les yeux entre deux instants de somnolence, j'ai pu apercevoir un paysage familier qui n'avait cessé de me fuir depuis mon arrivée...

Coucou Mont Fuji !

C'était sans doute la cerise sur le gâteau d'un parfait week-end de 3A. Merci les potos, merci Waseda, merci le Japon !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

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