vendredi 10 février 2012

Chevreuil VS Wild 2/5

Jour 2 : Micmacs dans le réseau ferré

Le froid glacial à Nagoya m’a dissuadé de m’aventurer en-dehors de la gare. Bien au contraire, j’ai sauté dans un train (non-JR) en direction de la ville voisine d’Inuyama. Bien que cette dernière soit le terminus, je me suis réveillé en sursaut après m’être assoupi et, croyant avoir raté l’arrêt, je suis descendu en trombe. J’ai alors pris un train en sens inverse qui, inexplicablement, m’a aussi emmené à Inuyama… Des plaques de neige subsistant dans les ombres m’ont confirmé qu’au Japon aussi, il neige.

La première chose que j'ai vue en débarquant à Inuyama. Des barres.

Le centre-ville d’Inuyama n’a que peu évolué depuis l’époque féodale, les maisons anciennes ayant été conservées et l’ambiance se faisan clairement nostalgique. Je suis vite venu à la conclusion que ce n’est pas une ville très agréable à vivre, n’ayant vu que des vieux de plus de 60 ans et deux combini en tout et pour tout. Notons à sa décharge qu’il était 9h du mat, qu’on était un mardi et qu’il y avait un froid de canard.




Détail de toiture d'un temple


Si la balade était sympathique dans ce qui semblait être une ville fantôme, le principal intérêt d’Inuyama reste son château, l’un des Quatre Bijoux du Japon parfaitement conservé et le plus vieux château encore debout. Perché sur son éperon au bord d’une très large rivière, il m’a fait penser à un corbeau sur une branche. Bien plus immense qu’il n’y paraît, il aurait pu loger bien des rave-parties tandis que son balcon faisant le tour entier du dernier étage offre une vue du tonnerre, dévoilant notamment les autres places fortes du coin : Nagoya, Gifu et les ruines d’un château donc j’ai oublié le nom.

Le château d'Inuyama



Le château vu depuis le train

Alors qu’on s’approchait de la mi-journée, j’ai voulu déployer tout mon savoir-faire pour rentrer à Nagoya avec la ligne JR – sans payer davantage pour les transports. J’ai donc repris le train pour un arrêt, histoire de retomber sur une gare JR, puis j’ai sauté dans le train en direction de Nagoya… et je me suis retrouvé à manger un Big Mac à Gifu, soit à l’opposé. Je n’ai pas compris ce qui m’est arrivé, d’autant plus que je suis arrivé dans la ville où ma copine a fait un stage de langue l’été dernier et donc elle m’a beaucoup parlé. J’en ai donc profité pour me balader un peu dans cette ville charmante où il semble bon vivre, et si je n’ai pas eu le temps de visiter le château, j’ai au moins découvert une vieille salle d’arcade proposant des jeux grandement dépassés (Ghost’N’Ghouls, Street Fighter 2, etc…) pour seulement 50 yens. J’ai donc joué et me suis fait latter à Tekken Tag Tournament dans une ambiance rétro avant de remonter dans le train et d’arriver à bon port cette fois-ci.

OMG it's Gifu !

Les alentours de la gare, japonais au possible



La salle d'arcade en question avec ses jeux rétro


Ville moderne, Nagoya m’a donné l’impression d’être un Tokyo de province. Si ce n’est pas aussi fou que Shibuya ou Shinjuku, il reste que les alentours de la gare sont remplis de grandes tours, de néons et de pachinko – ce qui présage d’une vie nocturne prometteuse.


A Nagoya, on fait pas les choses à moitié

Traversant la ville de part en part durant ce qui m’a semblé être une éternité (ça m’apprendra à regarder l’échelle des plans touristiques), je n’ai vu apparaître le château de Nagoya qu’au dernier moment. Et pourtant, quel château ! Bien plus vaste que celui d’Inuyama, il a été construit par Tokugawa Ieyasu (le dernier unificateur du Japon, début XVIIe) pour l’un de ses rejetons afin de sécuriser le trafic sur la grand’route Tôkaidô. Construit sur un terrain plat, il n’en reste pas moins imprenable au vu de la largeur des douves, du nombre de portails blindés/ignifugés et de la base impressionnante du donjon (qui titre à 50 mètres quand même).

Le château de Nagoya


Ce château était l’un des bijoux du Japon jusqu’à ce qu’une bombe incendiaire le rase entièrement en 1945. Les Japonais ne se sont pas débinés pour autant et ont reconstruit le donjon à l’identique, ou tout du moins en ce qui concerne l’extérieur car l’intérieur a été parfaitement adapté à l’installation d’un musée avec larges escaliers et ascenseur central. Ce qui a définitivement flambé en revanche, c’est le Palais Hommaru qui s’étendait aux pieds du donjon, l’une des plus belles constructions du Japon, villa de l’Empereur de surcroît et réceptacle d’une collection impressionnante d’estampes inestimables réduites en cendres. La perte de ce palais semble avoir profondément traumatisé les Japonais du coin vu que 80% du contenu du musée touchait de près ou de loin au Palais et à l’incendie, le tout étant joint d’un pamphlet contre la bêtise humaine de la guerre. Loin de se laisser abattre, le Japon a initié en 2009 le projet pharaonique de rebâtir le Palais à son emplacement d’origine. Résultats en 2018.

Station de métro qui a gravement la classe


Office gouvernemental de la préfecture d'Aïchi

Le soir approchant, je me balade un peu dans la ville avant d’abandonner et de prendre le métro pour rentrer à la gare, d’où je me rends – enfin ! – aux bains publics que je désirais depuis un moment. Suivant les instructions qu’on m’a données, je descends d’une station, marche un peu, galère pour trouver l’endroit exact… et hallucine. Je m’attendais à trouver un endroit tout simple – le gars ayant précisé qu’il ne s’agissait pas d’un onsen – et voilà que je tombe sur une immense structure à mi-chemin entre le magasin Ikea et les bains de Chihiro.


Parking de plusieurs centaines de places, restauration japonaise à prix réduit, manucure, salle de jeux… tout était regroupé dans le même bâtiment et accessible sitôt payé le billet d’entrée. Mais là où on voit que les affaires marchent bien, c’est quand on est à poil avec sa petite serviette et son baquet : rangées de petites douches à la sauce industrielle, multiples bassins de type spa avec des particularités différentes, sauna et surtout… rotemburo. Il s’agit de ce qu’on imagine quand on pense aux onsen : des bassins extérieurs où l’eau (très) chaude se mêle à l’air glacial, le tout avec un brin de vapeur (presque) naturelle. Outre le grand bassin pouvant accueillir une dizaine de personnes et muni d’un écran plat branché sur le TV, il y avait un autre bassin légèrement plus petit à l’écart et au calme, perdu dans la vapeur d’une machine à fumée, mais aussi des baquets pouvant contenir tout juste une personne, des pataugeoires où s’allonger pour se reposer à peine recouvert d’eau, le presque équivalent en version spa, etc… Il y en a pour tous les goûts ! Quand on est fourbu après une longue journée, il n’y a rien de mieux…

Revenant au centre de Nagoya une paire d’heures plus tard, je trouve l’Internet café qu’on m’avait indiqué et hallucine de nouveau.

Plan logement 2 : Manga/Internet café

C’est encore mieux que ce à quoi je m’attendais : outre un tarif spécial pour la nuit passée à l’intérieur (deux fois moins cher que dans la plus miteuse auberge de jeunesse possible, c’est-à-dire 1200 yens pour 8 heures), tout est fait pour actuellement PASSER la nuit à l’intérieur.

On peut choisir pour le même prix un espace collectif, une pièce privée avec fauteuil inclinable ou une autre avec sol matelassé pour s’allonger, tout comme on a accès à volonté au drink bar incluant thé/café/jus de fruits. Des couloirs entiers sont couverts de mangas si nombreux qu’un moteur de recherche est à disposition, quantités de jeux en ligne populaires sont installés sur les ordinateurs et l’emploi des postes n’est limité qu’au très mignon « respectez la loi japonaise, s’il vous plaît » ! En somme, c’est un endroit fantastique. J’ai choisi l’option fauteuil inclinable et j’ai passé une excellente nuit dans mon petit local. A refaire, absolument.

Mon petit logis d'une nuit

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