vendredi 3 février 2012

Chevreuil VS Wild 1/5

Ayant rattrapé lessentiel de mon retard, il est grand temps que je vous raconte mes aventures de décembre. Eh oui, je ne suis pas resté me tourner les pouces à Tokyo entre Noel et le Nouvel an ! Bien au contraire, jai profité dune offre temporaire et très alléchante de la compagnie nationale Japan Railways : le Seishun 18 kippu. Il sagit dun pass de voyage illimité pendant cinq jours sur les trains locaux et rapides des lignes JR (les justes équivalents de nos Corails et TER), et ce pour 11500 yens. Les transports étant chers au Japon, c’est l’offre providentielle pour qui voudrait voir du pays pour pas cher sans devoir se presser ! Mais attention, je n’ai pas précisé "lignes JR" pour le plaisir des yeux. Les voies de chemin de fer étant privatisées, plusieurs compagnies se partagent le réseau ferré nippon et s’y retrouver tient parfois du cauchemar. Voila donc un défi de plus pour les routards malins !

L'itinéraire de la muerte

C’est donc pour un trajet de plus de 1000 km a travers le Japon que je me suis lancé avec une seule réservation d’hôtel et un objectif : en voir le plus possible le moins cher possible au cœur de l’hiver. Mesdames et messieurs, voici donc le récit en cinq articles de mon périple : Chevreuil VS Wild !


Jour 1 : Mont Fuji et yakitori

Comme la plupart du temps, rien ne se passe comme prévu lorsqu’il est question de départ en vacances. Après un lever un peu trop tardif et la recherche infructueuse d’un carnet convenable pour commencer ma récolte de tampons-souvenirs (j’en ai parlé plus tôt, rappelez-vous en !), j’achète un carnet-mémo à l’arrache, le tamponne à Takadanobaba et me lance dans la ligne Yamanote. Coïncidence incroyable sur le quai : alors que j’attendais le train, Veronica, étudiante d’échange italienne à Waseda, ainsi que ses parents me font coucou depuis le train partant dans la direction opposée. Voilà un voyage qui commence de façon surprenante !

Prenant la ligne JR Tôkaidô, du nom de l’ancienne grand-route reliant Tokyo à Kyoto le long de la mer, je file à la vitesse d’un train Corail vers le Sud-ouest. Le trajet se fait un peu longuet jusqu’à ce que le paysage se dégage et que les rails se fixent sur le rivage, avec l’océan d’un côté, les montagnes de l’autre. Le mont Fuji apparaît, à peine perdu dans les nuages. Voilà qui me remplit d’excitation et qui me donne plus hâte que jamais d’arriver à ma première étape, Hakone, pour prendre les photos que je m’étais promises avec la montagne emblématique.

Arrivé à Odawara, je change pour un train d’une ligne privée (non-compris dans mon pass) qui me feinte à un terminus imprévu, repartant en arrière alors que je voulais continuer, mais ce n’est que reculer pour mieux sauter en prenant le prochain train, puis en changeant pour un petit train de montagne (en mode Tintin en Himalaya) qui gravit des pentes impressionnantes. Suivant les zigzags du chemin de fer en alternant le sens de la marche à chaque coude, ce petit train nous ouvre un panorama magnifique sur la basse montagne sur fond de commentaires touristiques.


Au terminus, nouveau changement et nouveau billet pour un train à crémaillère grimpant une pente qui n’a rien d’insurmontable. Mon portefeuille commence déjà à tirer la gueule. A l’arrivée, je décide de ne pas prendre le funiculaire montant au sommet des montagnes puis redescendant vers le lac comme prévu, mais cède à l’appel d’un sentier de randonnée foireux semblant partir d’une motte de terre afin de court-circuiter la remontée mécanique. Le panneau de direction promettait une arrivée dans 80 mn, mais ne disait pas un mot sur la pente du chemin : c’était plus intense que les monts Takao et Kuratake réunis, de sorte que je sois hors d’haleine au bout de 10 mn, mon barda sur le dos, et contraint de faire une micro-pause tous les 50 mètres pour me remettre de mes émotions. Si le sentier était invisible depuis la gare, c’est qu’il y a une raison : il GRIMPE littéralement le flanc de la montagne à grands coups de hautes marches et en s’appuyant sur les entrelacements de racines pour rendre le parcours encore plus fun.



Alors que je commençais à me demander si j’avais fait le bon choix, le sentier s’est fait plus sympathique en ménageant des périodes de plat, en variant la végétation, en ajoutant des plaques de givre puis en ouvrant des fenêtres sur l’océan d’une part, sur le mont Fuji de l’autre, faisant de cette randonnée improvisée une très belle surprise.




J’ai fini par arriver dans la vallée infernale, caldeira qui n’en finit pas de fumer et d’émaner le soufre. Mais ayant passé trop de temps à prendre des photos du Fuji, je n’ai pas pu visiter les lieux en détails et c’est à peine si j’ai eu le temps de prendre le dernier téléphérique pour redescendre du côté d’Odawara.



Etant en retard, je zappe l’étape bains publics et saute dans un train pour poursuivre sur la ligne Tôkaidô en direction de Nagoya. Internet m’ayant prévu trois changements pour un départ un peu plus tôt, j’ai dû en enchaîner cinq ou six au gré des trains locaux, m’arrêtant tantôt à des grands centres comme Shizuoka ou Hamamatsu, tantôt dans de petits patelins déserts, comme celui où le dernier train m’a laissé planté à 0:15.

Plan logement 1 : pas de plan logement

Je pense qu’on peut évaluer la taille d’une ville à sa concentration de chaînes de restauration rapide, à fortiori aux alentours de la gare centrale. Eh bien figurez-vous qu’il n’y avait même pas un Mc Do où s’échouer au milieu de la nuit et roupiller jusqu’au petit matin. Il n’y avait guère que quelques combini perçant l’obscurité avec leurs enseignes lumineuses comme des phares. Vu que je n’avais rien de mieux à faire, j’ai fait du tourisme et des photos de mobilier urbain.

La gare que j'ai fini par connaître par cœur

Le temple de l'angoisse




L'apparition providentielle

J’ai trouvé mon salut dans un restaurant de yakitori ouvert jusqu’à 5h du matin. Je m’attendais à m’incruster en douce, manger deux brochettes et m’effondrer sur la table jusqu’à l’aube, mais que nenni ! J’ai été accueilli à grands fracas par les tenants du bar qui ont trinqué avec moi ainsi qu’avec un Japonais complètement bourré qui m’a fait échanger un serment de fraternité dans le premier quart d’heure. Il venait de Nara, avait 31 ans et prétendait tour à tour être un samouraï, un ninja puis un yakuza. Si je comprenais au début à peu près 50% de ses propos ponctués de joyeux « Yo brozaaaa ! » (les tenanciers étaient quelque part autour des 80%), le pourcentage a doucement baissé vers les 0% à mesure que la nuit s’avançait et qu’il payait des coupes de saké.

Le manekineko du restaurant, souvent pris à partie par mon compagnon de boisson

La super équipe derrière le bar

Il a fini par osciller entre de fausses menaces de mort – il s’était mis en tête que j’étais d’Interpol – et des grommellements comme crois que crains, que le bar craint et que le tenancier craint aussi. La conversation tournant en rond, je paie mon ardoise et pars finir ma nuit dans la gare aux alentours de 4h du mat. Que j’ai dormi ou pas, je me suis retrouvé dans un train autour de 5h30 et suis enfin arrivé à Nagoya avant le lever du soleil.

1 commentaire:

anne-laure a dit…

Encore ! encore ! super Thomas, j'adore lire tes aventures !
AL